Acteurs clés dans la montée en puissance des investissements responsables, les investisseurs institutionnels continuent à jouer leur rôle de gardien des intérêts des épargnants en mettant l’accent sur la durabilité des placements. Le point avec Laure Korenian-Chabert, Responsable Politique Investissement Durable à la Carac.

Décideurs. De quelle façon intégrer l’ISR dans vos produits ?

Laure Korenian-Chabert. À la suite de la refonte de sa stratégie ESG en 2022, la nouvelle stratégie d’investissement responsable de la Carac s’articule autour de trois piliers principaux. En parallèle d’une intégration ESG renforcée, nous affirmons son positionnement sur deux thématiques en ligne avec ses valeurs et celles de ses adhérents : l’environnement, pour soutenir la transition énergétique et la protection de la biodiversité, et le social, pour soutenir l’innovation sociale et solidaire, en ligne avec nos valeurs mutualistes d’entraide. Pour accompagner cette stratégie, la mutuelle a pris des engagements forts pour les cinq années suivantes. Ainsi, elle a notamment pour objectif de réduire de 25 % les émissions de gaz à effet de serre (scope 1, 2 et 3) de son portefeuille obligataire d’entreprise et d’investir au minimum 25 % de son portefeuille global dans des actifs durables d’ici à 2027.

Rencontrez-vous des freins à la bonne mise en place de vos politiques ISR ?

Même si de grands progrès ont été faits, l’une des difficultés que nous rencontrons aujourd’hui est relative à la disponibilité ou au caractère incomplet des données extra-financières, que ce soit au niveau des émetteurs ou des fonds qui ne renseignent encore que peu les EET.

"L’entrée en vigueur de la CSRD et le devoir de réalisation d’un bilan carbone devrait progressivement améliorer la disponibilité et la qualité des données climat"

L’entrée en vigueur de la CSRD et le devoir de réalisation d’un bilan carbone devraient progressivement améliorer la disponibilité et la qualité des données climat, notamment en ce qui concerne les données d’intensité carbone qui sont encore trop souvent modélisées pour le scope 3 et donc volatiles.

Comment démêler le vrai du faux parmi tous les fonds dits « verts » sur le marché ?

Les labels et les certifications sont des indicateurs que nous prenons en compte pour évaluer la qualité des fonds dans lesquels nous investissons. Les nouvelles réglementations européennes doivent en principe également aider à faire la part des choses. Dans les faits, nous ne pouvons toutefois nous reposer uniquement sur la classification SFDR d’un fonds ou son label. Il est important de croiser les informations, les compléter avec un dialogue avec les sociétés de gestion pour comprendre la méthodologie ESG appliquée et évaluer la maturité des fonds.

La transparence est-elle un sujet important pour vous ?

La transparence est un sujet clé pour la Carac qui a à cœur de guider au mieux ses adhérents dans leur choix d’investissements durables et de leur proposer des solutions-produits simples, lisibles et variées. Nous travaillons à continuellement à renforcer notre offre d’unités de compte dans ce sens et pour qu’elle soit, aujourd’hui, alignée avec notre raison d’être et demain, avec les objectifs qui seront définis dans le cadre de notre démarche de qualité de mutuelle à mission.

Comment appréhendez-vous la finance responsable sur les prochaines années ?

La finance durable ne cesse d’évoluer et son importance ne cesse de croître. Nous sommes passés d’un marché considéré comme « niche » à du mainstream. Même si je pense qu’il faudra faire preuve d’un peu de patience pour que la qualité du reporting extra-financier rejoigne celle du reporting financier, une réglementation renforcée, une amélioration progressive de la comparabilité des données et une demande croissante pour des produits qui contribuent à la transformation juste et durable me portent à être optimiste.