L’agilité et la prudence sont clés lorsqu’il s’agit de naviguer en mer agitée. Ce fut le cas cette année, et malgré cela, l’équipe d’Alienor Capital, société de gestion indépendante, s’en sort haut la main. Arnaud Raimon, président et directeur de la gestion, répond à nos questions.
Décideurs. Quelles tendances observez- vous sur les marchés obligataires ?
Arnaud Raimon. La tendance de fond des dix-huit derniers mois est une violente hausse des taux longs, à la fois due à la hausse des taux d’emprunts d’État et à celle des spreads de crédit. Cela a eu pour conséquence de rendre enfin le marché plus attractif car plus rémunérateur. Par exemple, un prêt Saint-Gobain à huit ans avait un rendement annuel de 0,5 % il y a deux ans, aujourd’hui il est à 3,6 %.
 
Avez-vous créé des produits adaptés à ce marché ?
Nous avons lancé un fonds à échéance cet été, InvestCore 2028, référencé sur la plupart des plateformes. Il est investi sur des obligations d’entreprises dont l’échéance ne dépasse pas la fin de l’année 2028. Notre objectif de collecte est d’au moins 50 millions d’euros avant la clôture.
 
Quelle est sa spécificité ?
C’est un fonds daté à grande majorité Investment Grade, c’est-à-dire noté au minimum BBB-, et les quelques émetteurs qui ne le sont pas sont des titres sur lesquels nous estimons avoir un élément fort de réassurance qui nous conforte dans l’idée qu’il est solvable.

 

"Les obligations "corporate" de qualité ont un rendement attrayant"

Cela peut être une garantie implicite de l’État français, des actifs mal valorisés et importants ou encore un actionnaire majoritaire de soutien. Il est caractérisé par cette recherche de solvabilité de la totalité des lignes en portefeuille. Dernier point mais non des moindres, il est classé article 8 selon la réglementation SFDR et il répond à certaines normes d’exclusion de secteurs.
 
Que recherchent les clients aujourd’hui sur l’obligataire ?
Il y a deux profils. Certains cherchent à maximiser le taux de rendement quand d’autres préfèrent se tourner vers une stratégie avec un rendement légèrement plus bas mais plus prudente, comme nous le faisons, en n’ayant que des émetteurs sur lesquels notre confiance est très élevée.
 
Comment recueillez-vous les informations sur ces émetteurs ?
Nous récupérons certaines données auprès des agences de notation que nous complétons avec notre propre système en interne, basé sur deux tiers de critères quantitatifs et un tiers de critères qualitatifs.
 
Existe-t-il des changements de paradigme qui pourraient affecter la dynamique actuelle sur les marchés ?
Oui, trois principalement. La baisse de l’inflation est susceptible de faire légèrement baisser les taux longs ; le retrait des banques centrales dans l’achat de dettes étatiques peut au contraire freiner cette baisse ; et une récession serait susceptible de faire fortement monter les spreads de crédit.
 
Sachant cela, comment appréhendez- vous 2024 ?
Nous anticipons des taux relativement stables sur l’obligataire, notamment sur les emprunts corporate de bonne qualité. Nous sommes donc positifs sur le timing d’investissement de ce type de fonds. 
 
Propos recueillis par Marine Fleury