Rares sont les études évoquant la condition des LGBT+ dans le monde professionnel. Mettent-ils leur sexualité en avant ? Souffrent-ils de discrimination ? L’Ifop apporte la réponse. Bonne nouvelle, la France fait partie des pays les plus progressistes même si certaines zones d’ombre persistent.

Les salariés LGBT+ sont-ils bien intégrés dans les entreprises françaises ? L’étude de L’Autre cercle, réalisée auprès du plus large échantillon national d’employés LGBT+ jamais sondé apporte la réponse. Aujourd’hui, en France, près de 60% des LGBT+ se déclarent ''visibles'' au travail. Une hausse historique de 10 points, qui montre les effets d’une progression sociétale intégrant davantage les individus (l’égalité de traitement, etc.). Pour autant, il existe encore des motifs de discriminations professionnelles auxquelles se heurtent les personnes transgenres et non-binaires.

Insultes au travail : minoritaire mais persistant

Depuis 2003, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle des personnes sur le lieu de travail est illégale dans l'Union européenne. Ce quatrième baromètre note une évolution positive dans l’ensemble, même s’il déplore la persistance de certains comportements : plus de la moitié des personnes LGBT+ (53%) déclaraient avoir entendu des expressions LGBTphobes. Celles-ci prennent souvent la forme d’insultes, comme ''enculé'' pour 45 %, ''gouine'' (32 %), ou encore ''travelo'' (29 %). Ils sont 28% à être visés par des agressions au travail.  Au-delà du problème qu’elles représentent, c’est l’absence de réaction à ces agressions qui préoccupe : quatre employés LGBT+ victimes d’attaques verbales sur dix (39 %) n’en parlent pas.

Un sentiment de malaise persiste pour beaucoup des personnes sondées. Nombre d’entre elles constatent que leur orientation sexuelle entraîne des inégalités de traitement, notamment en ce qui concerne le déroulement de leur carrière (pour 34 %). Plus d’un tiers des sondés (37 %) déclare avoir subi au moins une agression au travail, soit 9 points de plus que l’ensemble de la population active française.

Du côté des collègues, la vigilance est de mise pour éviter les actes transphobes : si 6 % des personnes disent se sentir mal à l’aise à l’annonce du coming out d’un de leurs collègues, cette proportion devient plus préoccupante dans le cas d’un coming out transgenre (21 %) ou non-binaire (16 %). L’Autre cercle exprime de manière claire son inquiétude : ''La question des transidentités et des non-binarités est aujourd’hui attaquée.''

La France plus tolérante que la moyenne

Grâce à l’évolution des mentalités et l’instauration de dispositifs anti-discriminations, le tabou sur la condition des salariés LGBT+ se lève et le climat au travail n’a, selon L’Autre cercle, ''jamais été aussi progressiste''. Ainsi, 77 % des salariés considèrent leur organisation bienveillante à l’égard de la communauté LGBT+ et neuf employés français sur dix se déclarent favorables à l’accès aux droits parentaux pour leurs collègues ayant eu un enfant grâce à une GPA. De leur côté, les violences physiques contre les personnes LGBT+ diminuent : leur taux passe de 14 % à 10 %, 4 points de moins qu’en 2021. Quant aux discriminations en matière de rémunération et de recrutement, elles reculent de 2 points : 15 % des Français LGBT+ s'en déclarent encore victimes.

Lisa Combe