Andrea Bensaid, fondateur et CEO d’Eskimoz, une agence d’acquisition web et de référencement naturel, n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Business angel et fervent défenseur du patriotisme économique, il développe son entreprise afin d’avoir, in fine, un maximum d’impact.
Décideurs. Quel est votre parcours ?
 
Andrea Bensaïd. Après des études à l’EDHEC Business School en finance d’entreprise, je me suis lancé en tant que freelance dans le marketing "digital". J’aimais l’idée qu’avec une simple connexion internet on puisse créer un business, un site qui génère des revenus 24h sur 24, de façon presque passive. D’un point de vue purement financier, on ne peut pas faire mieux : pas de stocks, pas d’employés, tout peut être numérique et automatisé. Seul le "digital" le permet. C’est devenu une passion. Je suis monté en compétence rapidement car je ne sélectionnais pas mes clients. J’ai pu travailler sur des projets variés, en me spécialisant au fur et à mesure dans tous les domaines.
 
Comment est né Eskimoz ?
 
Pendant cinq ans, jusqu’en 2015, je travaillais seul de chez moi, avant de m’installer dans des bureaux et recruter mon premier salarié. Cette année nous avons réalisé 150 000 euros de chiffre d’affaires. Un an plus tard, 500 000 euros. En 2022, nous avons atteint plus de vingt millions d’euros de chiffre d’affaires. Eskimoz a été rentable dès la première année.

 

"Eskimoz a été rentable dès la première année"

 
Aujourd’hui, nous sommes présents dans cinq pays : France, Espagne, Italie, Angleterre et Belgique. Nous accompagnons nos clients sur le positionnement Google, la création de contenu que nous référençons et rendons visible et la publicité en ligne. Un pôle est consacré au "data tracking", afin de piloter et d’optimiser les trois autres activités, et de pouvoir fournir des KPI à nos clients.

 

Quelle est votre vision pour la suite ?
 
Nous souhaitons devenir le leader européen de l’acquisition "digitale". Il ne nous manque plus que l’Allemagne pour être présent dans les principaux pays qui dépensent dans ce domaine. Nous ne nous fixons pas de limite. Nous avons l’ambition de devenir la première licorne française 100 % auto-financée. Nous comptons continuer notre développement en Europe, et, pourquoi pas un jour, aux États-Unis. Notre savoir-faire unique fait que nous réussissons à prendre des parts de marché où nous nous implantons.
 
Comment l'intelligence artificielle va-t-elle changer votre métier ?
 
Il faut savoir que des outils permettent de détecter si un texte a été écrit par l’IA. On peut imaginer que Google décide de pénaliser les sites utilisant avec abus cette technologie. Notre recommandation serait d’utiliser ces outils avec parcimonie et de la bonne manière. Ils ne sont pas encore suffisamment performants pour remplacer le savoir-faire d’un consultant SEO ou d’un rédacteur. Nous sommes loin de l’euphorie actuelle. En revanche, il est clair que l’IA peut aider pour certaines tâches, comme un assistant.
 
Quel est votre moteur personnel ?
 
Je voudrais avoir le maximum d’impact dans mes projets et mes investissements. Pour cela, des fonds sont nécessaires. Si je continue de pousser toujours plus loin Eskimoz, c’est pour augmenter cette capacité d’impact, et réinjecter le fruit du travail dans des projets qui me tiennent à cœur, qu’ils soient environnementaux ou économiques. J’aimerais contribuer à faire fleurir de belles sociétés technologiques françaises. Je mise beaucoup sur le patriotisme économique. J’invite par ailleurs les jeunes à réfléchir leurs boîtes à long terme, sur vingt ou trente ans.
 
Quelle est votre approche en matière de patrimoine personnel ?
 
J’investis principalement dans des sociétés Tech françaises, souvent en pre-seed. Je m’intéresse également de plus en plus au Web3 et à la blockchain. Les dossiers me parviennent naturellement via les réseaux de business angels dans lesquels je suis très actif, ou via les réseaux sociaux comme Linkedin. J’alimente ma passion par l’investissement.
 
Propos recueillis par Marc Munier