En recherche permanente de solutions innovantes pour répondre aux enjeux patrimoniaux de sa clientèle, le cabinet Calci Patrimoine ouvre la voie de l’infrastructure aux particuliers. Historiquement réservée aux institutionnels, cette classe d’actifs résiliente prend tout son sens dans une économie dictée par la hausse des taux et l’inflation.
Décideurs. Pourquoi investir dans les infrastructures ?
Anthony Calci. D’un point de vue macroéconomique, nous sommes peut-être proches d’une récession avec une croissance faible et des risques économiques réels. Pour trouver un placement qui soit le moins possible exposé à la hausse des taux, qui ne soit pas à capital garanti ou un bien immobilier, nous avions besoin d’une classe d’actifs coeur de portefeuille, tangible, résiliente, avec un rendement supérieur à l’obligation et indexée sur l'inflation. Au regard de ces critères, nous avons pensé que l’infrastructure pouvait faire sens pour les investisseurs particuliers, en se positionnant sur des secteurs tels que l'énergie, le transport, les télécoms, le chauffage urbain, la gestion de l'eau ou des déchets.
 

"L’un des nombreux avantages de l’infrastructure est que cela reste un actif de nature monopolistique"

Les infrastructures protègent mieux les patrimoines de nos clients. Nous continuons bien sûr d'investir sur les classes d'actifs traditionnelles dans lesquelles nous avons nos plus fortes convictions.
 
C’est donc un investissement intéressant en période d’inflation…
L’un des nombreux avantages de l’infrastructure est que cela reste un actif de nature monopolistique, ce qui s’ajoute à son caractère sécuritaire qui plaît aux épargnants au vu du contexte actuel. Les revenus des contrats des infrastructures sont indexés sur l’inflation à long terme et de façon importante.
 
Les investisseurs se positionnent sur l’infrastructure plus que par le passé, comment l’expliquez-vous ?
Auparavant, c’était une classe d’actifs réservée aux grands investisseurs en raison des tickets d’entrée élevés sur des fonds illiquides. La disponibilité des fonds pour les particuliers, désormais accessibles via une assurance-vie, a permis de s'adresser à un plus large public. Generali a ouvert le bal avec son fonds infrastructure exclusif disponible au sein des contrats d’assurance-vie et accessibles avec des montants d'investissement relativement raisonnables et permettant à l'assureur de garantir la liquidité du fonds. La demande étant croissante, de nombreux acteurs se penchent sur cette classe d’actifs et travaillent à la création de solutions de placement comme AXA, Eiffel IG, Swen Capital Partners.
 
Comment cette classe d’actifs est-elle appréhendée par vos clients ?
Nous en proposons à nos clients depuis 2020 et, de plus en plus, les fonds immobiliers sont remplacés par de l’infrastructure au sein des allocations. De plus, les investisseurs apprécient beaucoup la thématique de la transition énergétique et aiment sentir que leur épargne a un impact bénéfique, ce qui est complètement compatible avec cette classe d’actifs. 
 
La notion d'ESG est donc compatible ?
Tout à fait. Certes pas pour tous les placements, mais de nombreux fonds que nous connaissons aujourd’hui sont régis par de fortes politiques ESG. Nous sommes porteurs de ces sujets auprès de notre clientèle, ce qui est en phase avec la démocratisation de l’infrastructure. Nous arrivons enfin à une prise de conscience généralisée, poussée par des initiatives et des acteurs comme Jean-Marc Jancovici, ingénieur en énergie et spécialiste du climat, qui nous prouve que la transition énergétique est obligatoire pour contrer les risques climatiques gigantesques.
 
Existe-t-il des points de vigilance à prendre en compte ?
D’abord, il faut garder à l’esprit que les fonds infrastructures peuvent être liquides lorsqu'on investit dans le cadre de l'assurance- vie (la liquidité est assurée par la compagnie d'assurance) ou illiquides lorsqu'on investit via des véhicules en capital- investissement. Ensuite, selon que vous investissez en dette ou en fonds propres, le risque n’est pas le même. L'indexation sur l'inflation en dette est très faible, ce qui n’est pas le cas pour les contrats des actifs en fonds propres. L'investisseur peut privilégier l'un ou l'autre selon son profil de risque.

 

"Les investisseurs apprécient beaucoup la thématique de la transition énergétique"

Cela étant, il faut penser à rester diversifié : certains épargnants ne se positionnent que sur des fonds d'infrastructures vertes, principalement des énergies renouvelables ; c’est très bien pour l’impact, moins pour la diversification du portefeuille. Globalement, le non coté est moins volatil. Investir en infrastructure à travers un fonds actions reste une pratique réservée aux investisseurs avertis.
 
Quelles sont les différentes solutions que Calci Patrimoine propose pour investir dans l’infrastructure ?
Nos clients détenant un patrimoine important ont la possibilité d’investir dans des fonds de capital-investissement illiquides pour aller chercher plus de rentabilité. Pour investir en infrastructures tout en ayant son capital disponible, nous proposons plutôt les fonds disponibles en assurance-vie.
 
Pensez-vous que cela va devenir une tendance de fond ?
C’est une classe d’actifs récente pour les particuliers, avec une offre restreinte pour le moment. À mon sens, il y a encore trop d’immobilier au sein des allocations ; nous avons besoin de l’infrastructure pour rendre les portefeuilles plus résilients, plus diversifiés et mieux protégés contre l'inflation. 
 
Propos recueillis par Marine Fleury