Rester optimiste tout en se formant permettra de soutenir l’investissement responsable, pour lequel partenaires et concepteurs de produits ont un rôle clé à jouer. C’est la conviction de Pascale Baussant, fondatrice du cabinet Baussant Conseil.  
 
Décideurs. Comment intégrez-vous les principes de l’ISR dans vos recommandations et conseils ?

 

Pascale Baussant. Cela fait une dizaine d’années que nous sommes engagés sur ces sujets. À l’époque du balbutiement de l’ISR nous avions publié un livre blanc sur l’investissement responsable, puis un deuxième, et encore un autre sur le climat.

 

J’essaie toujours de voir le verre à moitié plein. Il y a huit ans, les produits d’investissement demeuraient très pauvres pour la clientèle des particuliers. Aujourd’hui l’offre s’est étoffée, bien qu’elle ne soit pas parfaite évidemment. Nous essayons d’accompagner ce mouvement, d’être moteur, de pousser au référencement et à l’engagement des sociétés de gestion.

 

 "La pression réglementaire s’accentue et incite à faire bouger les lignes"

Il ne faut par ailleurs pas attendre d’avoir de la demande, qui est seulement émergente. Beaucoup de clients ne savent pas ce dont il s’agit, il y a peu de lisibilité, beaucoup d’acronymes, on s’y perd facilement. En parallèle, la pression réglementaire s’accentue et incite à faire bouger les lignes, aussi bien pour les concepteurs de produits que pour les conseillers.

 

Dans votre travail quotidien, quelles difficultés rencontrez-vous en cherchant à maintenir une approche éthique et responsable ?

 

Ce n’est pas facile. Comment identifier des produits réellement responsables ? Un fonds responsable a-t-il vocation à accompagner les mauvais élèves, ou bien à les exclure ? Une majorité de sociétés de gestion prend le parti de l’engagement actionnarial afin de "mettre la pression" sur certains acteurs dans leur transition. Une minorité, d’un autre côté, affirme que le client final ne peut pas entendre que les plus mauvais élèves soient présents dans un fonds ISR, quelles qu’en soient leurs bonnes intentions.

 

"Il faut être lucide sur ce que l’on veut et ne pas tromper le client sur la marchandise"
 
Dans les deux cas, cependant, des solutions existent. Les clients les plus exigeants peuvent se tourner par exemple vers les labels Greenfin ou Finansol. Il faut être lucide sur ce que l’on veut et ne pas tromper le client sur la marchandise. Attention au discours que nous, conseillers en gestion de patrimoine, portons !

 

Comment faites-vous le tri entre tous les labels, et tous les fonds qui, de plus en plus, se revendiquent verts ?

 

Il existe deux catégories de labels. Certains, très pointus et exigeants – voire restrictifs – comme les labels Greenfin et Finansol, ont été adoptés par une centaine de fonds chacun, ce qui est relativement peu. Le label ISR, qui jusqu’ici n’exigeait aucune exclusion, va devenir enfin plus sélectif. Bercy a récemment suivi les recommandations du comité du label ISR dont je fais partie, en excluant les énergies fossiles, ce qui est une excellente nouvelle.

 

Certes, il est difficile aujourd’hui de construire une allocation d’actifs 100 % responsable, mais nous pouvons commencer à insérer quelques briques ici ou là. L’immobilier s’y prête particulièrement bien, la démarche est assez lisible, avec les notions d’empreinte carbone et d’efficacité énergétique des bâtiments. Des mesures concrètes peuvent être relativement facilement réalisées et communiquées. Les marchés cotés et non-cotés s’y prêtent à des degrés variables.

 

Quelles sont vos obligations réglementaires en matière d’ISR ?

 

Nous devons poser la question des attentes de durabilité de nos clients, et intégrer ces notions complexes dans nos questionnaires et nos rendez-vous : taxonomie, règlement SFDR, PAI… Nous nous heurtons à une problématique de formation des conseillers financiers, qui doivent urgemment monter en compétence sur l’investissement responsable.

 

La certification AMF en finance durable, optionnelle mais que je recommande vivement, peut être une première étape afin de s’approprier ces sujets. D’autres formations complémentaires et plus pragmatiques existent, proposées par divers organismes ou sociétés de gestion.

 

Nous sommes toujours preneurs de produits innovants, tels que les fonds hydrogène ou terres agricoles. Il y a de la place, et de la demande de la part des épargnants, pour des produits lisibles, simples et impactants.

 

Propos recueillis par Marc Munier

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