Les agences de notation extra-financières jouent un rôle essentiel en évaluant les performances des entreprises selon les critères sociaux, environnementaux et de gouvernance (ESG). Au-delà des aspects financiers, elles influencent les décisions d'investissement et les stratégies des entreprises, conciliant ainsi durabilité et performance. Rencontre avec Camille Ferron, senior manager chez EthiFinance.
 
Décideurs. Pouvez-vous expliquer en quoi consistent les notations extra-financières ?
Camille Ferron. Les notations extra-financières représentent des scores fondés sur la transparence ou la bonne gestion par les entreprises de leurs enjeux environnementaux, sociaux ou de bonne gouvernance (ESG).
 
Quels sont vos principaux critères de notation ?
Chez EthiFinance, nos notes ESG sont structurées autour de quatre grands thèmes : la gouvernance, l’environnement, le social et les parties prenantes externes. Si le thème "social" se focalise sur les salariés de l’entreprise évaluée, le thème "parties prenantes externes" recouvre les enjeux des clients, des fournisseurs et des communautés locales. Chaque thème est divisé en plusieurs sous-thèmes, au sein desquels nous évaluons des indicateurs qui peuvent porter sur les politiques de l’entreprise (code d’éthique, objectifs climatiques, etc.), les plans d’action et mesures en place (certification environnementale des activités ou des produits, formations, etc.), ou encore les résultats atteints (consommation d’énergie, taux de sévérité des accidents du travail, pourcentage de femmes au conseil d’administration…). Nous adaptons les indicateurs notés selon le secteur (industrie, distribution, service) et la taille de l’entreprise évaluée. Enfin, la note finale peut être assortie d’un "malus" si la société évaluée fait face à des controverses ESG (procès, scandale, campagne d’ONG, etc.). Le malus appliqué peut atteindre 20 points sur 100 et dépend de la sévérité des controverses identifiées.
 
La réglementation se durcit, comment votre agence s'adapte-t-elle à ces évolutions ?
Bruxelles est en train de réformer la réglementation des agences de notation ESG. Le projet de règlement a pour objectif déclaré de renforcer la fiabilité et la comparabilité des notations ESG en imposant la publication des méthodologies et des processus de notation et en renforçant la prévention des conflits d’intérêts. Notre méthodologie de notation est disponible publiquement sur notre site internet et nous séparons déjà nos activités de conseil des activités de notation. Nous continuons à formaliser nos procédures internes afin de répondre à la réglementation, tout en militant pour qu’elle soit proportionnée pour les petites agences, pour qui la filialisation de certaines activités peut-être très coûteuse. Par ailleurs, la réglementation Cars sur le reporting ESG des entreprises va permettre aux agences d’avoir accès à des données pertinentes, fiables et comparables. Pour une agence de notation extra-financière, l’accès à ces données standardisées devrait faciliter l’étape – chronophage – de collecte de données. Cela permettra aux analystes ESG de ces agences de concentrer leurs efforts sur l’analyse qualitative et prospective, évoluant ainsi vers la production d’opinions, sur le modèle de ce que font les analystes de crédit.
 
Comment les agences contribuent-elles à promouvoir la finance responsable ?
Les agences permettent à leurs clients investisseurs d’avoir accès à des données et à des scores ESG sur un grand nombre d’entreprises. Les investisseurs peuvent utiliser ces scores et ces données de différentes façons : pour alimenter leur reporting de fonds, pour faire des choix d’investissement, notamment dans le cadre de fonds ayant des labels de finance durable ou encore pour engager un dialogue avec les entreprises dans lesquelles ils sont investis.
 
Existe-t-il des freins à votre travail ?
Pour l’instant, les données ESG ne sont toujours pas standardisées ni systématiquement auditées. Cela a forcément un impact sur la qualité de nos scores, qui utilisent comme matières premières les données reportées par les entreprises. De plus, de nombreuses petites et moyennes entreprises sont encore peu transparentes sur leurs indicateurs ESG, ce qui ne permet pas d’avoir une vision exhaustive et réaliste de la façon dont elles gèrent ces enjeux. Enfin, la collecte de données ESG est une tâche chronophage et coûteuse. L’amélioration de la qualité des scores et le développement d’analyses plus poussées dépendront aussi du consentement à payer des acteurs financiers.

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